Cet article est le deuxième d’une série de 3 articles découpés comme suit :
- L’âge du public
- Le nombre d’élèves
- La langue d’enseignement (différente de la langue enseignée)
Partie 2 :
- La motivation du public
- Le programme à suivre / L’autonomie du professeur
- Des classes formées ou non selon le niveau individuel
- Le rapport entre le professeur et les élèves
- La discipline et les réponses de la hiérarchie
- Conclusion
4. La motivation du public
« L’instruction est obligatoire pour tous les enfants, français et étrangers, à partir de 3 ans et jusqu’à l’âge de 16 ans révolus. Les parents peuvent choisir de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire (public ou privé) ou bien d’assurer eux-mêmes cette instruction.»
14/08/2020 – https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1898
En France, il est obligatoire de recevoir un enseignement général, une instruction, que ce soit dans une classe avec d’autres élèves ou à la maison avec des parents (bien que cela risque de changer à ce jour), des professeurs particuliers ou autres. Les enfants français ne disposent ici pas du choix de le refuser puisque leurs parents ou tuteurs sont soumis à cette loi.
Malheureusement, la qualité et les conditions de l’enseignement reçu, sa réception, etc. varient énormément d’un élève à un autre. La chance, l’importance et l’obligation de recevoir ces connaissances ne sont pas comprises par tous (enfants, jeunes ou adultes). Ces différents regards sur l’enseignement jouent un grand rôle dans la motivation des élèves, sans compter tous les autres facteurs susceptibles d’intervenir en leur faveur ou leur défaveur (présence d’amis en classe, moqueries, soutien ou pression de l’entourage, curiosité, mémoire naturelle, etc.). Le professeur en subit les conséquences positives ou négatives qui modifieront sa propre vision de son travail.
En FLE, les élèves sont plus autonomes et l’apprentissage du français fait souvent l’objet d’une décision personnelle, ou est apparenté à un projet d’études choisies. Il est bien moins obligatoire d’apprendre le français comme langue étrangère qu’il l’est de suivre le programme de l’éducation nationale ou d’un autre institut qui en suit tout de même les grandes lignes. En FLE, les élèves peuvent à tout instant arrêter les cours ou changer d’établissement s’ils y trouvent meilleur compte.
La motivation et l’intérêt personnel qui en découle changent par ricochets leur rapport à l’enseignement et votre facilité à transmettre des connaissances en tant que professeur qui n’aura, en principe, que des élèves motivés et volontaires face à lui.
5. Le programme à suivre / L’autonomie du professeur
Dans les deux cas, tout professeur est tenu de suivre, par souci de cohérence, un manuel de la matière qu’il enseigne commun à l’ensemble de sa classe. Le choix du manuel est réfléchi en amont par une équipe d’experts en pédagogie, de professeurs.
Dans les deux cas également, un certain rythme et une progression logique sont attendus, avec une évaluation de sa faisabilité théorique.
En revanche, en FLE, il reste possible de modifier ces deux aspects s’ils ne conviennent pas, si le rythme défini a été mal calculé ou que le manuel est trop difficile à déchiffrer. Si le manuel choisi est trop pauvre, le professeur le complète avec d’autres ressources à loisir, s’il est trop fourni, il choisit les activités qu’il juge les plus nécessaires et intéressantes pour ses apprenants.
La pression liée à l’examen du baccalauréat se fait assez ressentir au lycée, surtout dans des classes de terminales. Il faut impérativement boucler le programme, et le professeur porte encore plus lourdement la responsabilité d’y parvenir (pour tout ce que cela peut impliquer dans la vie d’un lycéen) que dans le FLE où les élèves pourront se donner plus facilement un grand coup de fouet du fait qu’ils n’ont qu’une seule et même matière choisie à réviser : le français.
Quelques inquiétudes peuvent toutefois survenir pour préparer des élèves à des examens comme celui du DELF/DALF, à l’entretien de Campus France ou à un test de niveau qui déterminera leurs prochaines classes. Le tracas des professeurs dans le premier cas reste plus important car les conséquences face à un échec au BAC sont plus importantes et pénalisantes.
6. Des classes formées ou non selon le niveau individuel
A1, A2, B1, B2… Dans le FLE, un élève passe une évaluation de langue pour savoir quel est son niveau de langue avant de rejoindre une classe selon ses résultats.
Avec le système de l’éducation nationale, cette distribution repose davantage sur l’âge de l’élève et ses notes de l’année précédente, regroupant en une classe et sans réelle distinction tous ceux qui auraient eu au minimum 10/20 dans leur moyenne générale et toute matière confondue. On peut alors se retrouver à enseigner à une classe dont les élèves auraient potentiellement de 0 à 20/20 dans notre matière.
S’il est possible dans des matières comme l’histoire, la SVT ou la géographie de comprendre une période, un concept, une partie de la leçon donnée plus qu’une autre, à part, et de s’en sortir haut la main si c’est cela qui apparaît durant un examen, il est beaucoup plus difficile d’en faire autant dans l’apprentissage d’une langue, dont la complexité et l’intensité augmentent nécessairement plus on avance.
Vous ne pouvez pas comprendre le temps de l’imparfait si celui du passé composé est encore flou, là où vous pourriez très bien maîtriser les enjeux de la Révolution française sans avoir compris les causes profondes de la Guerre de 100 ans, bien que la chronologie fasse passer un de ces deux événements avant l’autre.
Vos élèves en FLE ont donc plus de chance d’avancer au même rythme et de s’entre-aider puisqu’un examen préalable les a trié pour un résultat optimal. Vous pourrez plus facilement créer de petits groupes de travail homogènes ou avec une faible différence de niveau. Les changements de classe à chaque nouvelle session se produisant plus régulièrement que dans le système scolaire français (l’idée du redoublement semble être évincée au maximum), il est possible de se rattraper plus rapidement pour les plus faibles du moment, et les autres ne seront pas pénalisés par un ralentissement de la cadence générale.
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