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DATE DE PUBLICATION

12.02.2023
Pourquoi développer davantage la mémoire (dès l’enfance) ?

Sommaire :
1) Une mémoire développée = plus de connaissances et d’autonomie
2) Grande mémoire = moins de perte de temps
3) Richesse des souvenirs = plus de faits à comparer
4) Plus grande mémoire (du passé) = plus d’anticipation (du futur)
5) La mémoire aide à l’humanisation
6) Mémoires individuelles = mémoire collective
7) Développer tout type de mémoire ! – Conclusion

 

Depuis de nombreuses années maintenant, beaucoup s’inquiètent que l’apprentissage scolaire ne fasse plus autant travailler la mémoire chez les élèves de tout âge qu’auparavant, privilégiant à la place le développement du sens critique, de l’analyse littéraire, de la dissertation, du débat philosophique ou encore de l’expression personnelle. Les exercices visant à développer la mémoire brute, le fameux ‘par cœur’, sont souvent dépréciés voire bannis. On assimile et rapproche cet apprentissage à un travail de « recrachage », de « régurgitation » en opposition à l’analyse, qui, elle, développerait mieux l’intellect, la sociabilisation et l’adaptation chez l’enfant. Pourtant, l’exercice de la mémoire est de loin l’un des plus importants pour améliorer notre intelligence et n’empêche en rien celui de l’analyse qui, de toute évidence et justement, demande de faire appel au premier.

Voyons pourquoi la mémoire est effectivement la première complice de notre réussite et de notre humanisation.

Au-delà du fait qui atteste que plus une chose est retenue tôt dans notre vite, plus elle s’accroche et perdure, il faut considérer que la mémoire est la bibliothèque de notre esprit. C’est le lieu où nous pouvons aller pour consulter une connaissance, la mettre en comparaison avec d’autres, en corriger certaines ou en améliorer le contenu, y rajouter des ouvrages, s’en inspirer pour en créer de nouveaux à y placer, etc. Votre mémoire, c’est aussi un lieu intime qui vous appartient où vous pourrez ranger dans un coin les ouvrages que vous n’appréciez pas, mettre dans un autre ceux qui ne semblent pas avoir d’utilité actuelle ou au contraire mettre en tête de gondole vos informations les plus précieuses, les plus belles ou les plus récentes jusqu’au prochain inventaire !

Votre mémoire, c’est aussi un endroit où vous seul avez le droit et le pouvoir d’entrer. De ce fait, il est très difficile de demander de l’aide à quelqu’un d’autre dans ce domaine et l’accès à notre précieuse bibliothèque ne peut bien souvent dépendre que de nous. Il est alors très important de faire le maximum pour que nous possédions un accès quasi illimité à cette bibliothèque, et ce dès l’enfance, afin d’y stocker plus d’informations et de nous en servir plus facilement pour affronter les difficultés du quotidien. En l’exerçant dès le plus jeune âge, l’adulte donnera alors un immense coup de pouce à l’enfant qu’il a en charge jusqu’à ce qu’il devienne à son tour un adulte.Toute connaissance n’étant pas que de répétitions de faits, il ne s’agit pas de mettre de côté toute autre compétence à développer, mais nous partons ici du postulat qu’il s’agit de la base de ces autres connaissances, et que la mémoire sert d’appui au reste de nos compétences.

1) Une mémoire développée = plus de connaissances et d’autonomie

La recherche de l’autonomie est primordiale pour permettre aux plus jeunes de grandir convenablement et être des adultes en pleine possession de leurs moyens. Une bonne mémoire y aidera nécessairement. Un enfant possédant un plus grand catalogue d’informations et de connaissances en tête aura moins besoin de poser des questions aux autres individus et pourra s’en remettre plus facilement à lui-même. Il lui suffira de plonger dans ses souvenirs, anciens ou immédiats, pour se rappeler d’un savoir-faire pour le reproduire ou retrouver la réponse à une question qu’il a peut-être déjà entendue auparavant et se libérera davantage de la servitude de l’ignorance.

On doit alors lui enseigner à trouver des moyens de mémorisation efficaces à court et long terme pour mieux anticiper et agir en fonction de ce qu’il va rencontrer, seul ou en groupe. Si la répétition de faits est un moyen de mémorisation efficace, la compréhension d’un phénomène l’est plus encore. Aidez vos enfants et élèves à comprendre et à reproduire des actions pour les pousser à s’approprier une connaissance ou un savoir-faire et s’affranchir de la dépendance aux autres.

2) Grande mémoire = moins de perte de temps

On a bien plus vite fait de chercher quelque chose dans son esprit que dans un livre, sur internet ou même en demandant à quelqu’un d’autre ! Exercer sa mémoire régulièrement et apprendre à le faire auprès des enfants permet un gain de temps évident qu’il convient là encore de tenter d’améliorer. Nous ne devons en aucun cas la laisser rouiller.

3) Richesse des souvenirs = plus de faits à comparer

L’analyse est un travail de comparaison incluant en général un fait nouveau au minimum qui fait l’objet de cet analyse. On dissèque cet élément et on le met en relation avec d’autres qu’on connaît, on en teste les réactions ou encore on cherche son origine, on le manipule en le plaçant dans tel ou tel contexte, etc. Ces éléments à comparer ne se trouvent pas forcément sous nos yeux au moment de notre réflexion. Si je possède plus de faits en mémoire, de par un apprentissage précédent, j’aurais plus d’outils à disposition lors de chaque nouvelle analyse. Pour me permettre de mieux analyser, ma mémoire sera mon meilleur allié, ne serait-ce que parce qu’on aura mémorisé une formule, un calcul, une règle toute faite qui facilite son appropriation et un emploi rapide.

4) Plus grande mémoire (du passé) = plus d’anticipation (du futur)

La mémoire du passé permet de limiter les erreurs pour le futur, en se souvenant d’un fait ou d’un cheminement de pensées. Grâce à une grande mémoire, j’anticipe ce qui peut se produire et je limite les difficultés à venir. La mémorisation est donc une aide précieuse pour éviter la répétition d’erreurs qui nous font du tort et mène aux points suivants.

5) La mémoire aide à l’humanisation

On oublie souvent que la mémoire est plus qu’une simple poésie récitée, une paire de cartes identiques à retrouver, une série de chiffres à répéter, etc. Il est extrêmement important de considérer l’importance de la mémoire émotionnelle. Le parent ou l’éducateur d’un enfant doit faire travailler ce type de mémoire et échanger avec lui à propos de ses émotions et du souvenir des événements déclencheurs de ces émotions, négatives mais aussi positives.
Dans les faits, cela peut être utile à bien des égards, en se souvenant précisément d’une douleur pour éviter de l’infliger aux autres parce qu’on saura la retrouver dans notre catalogue et la déprécier, ou bien en se rappelant d’un geste affectif pour rassurer, en comparant des événements et notre réaction personnelle à ces moments ou encore en repassant dans son esprit de bons ou moins bons souvenirs pour comprendre où ils peuvent mener chez soi-même ou chez les autres. Ce travail aide à la compassion et à l’humanisation des individus. Il s’agit bel et bien d’un exercice de mémoire.

6) Mémoires individuelles = mémoire collective

À plus grande échelle (famille, village, peuple), nous nous devons de mémoriser ensemble des faits selon notre perception propre. Regroupées, ces mémoires individuelles forment une mémoire collective qu’il sera ainsi possible de consulter tous ensemble pour s’ajuster les uns les autres, échanger et parfois même réparer les ouvrages de notre bibliothèque mentale trop usagés, de rouvrir ensemble les pages joliment illustrées de certains et surtout, de transmettre ces souvenirs à d’autres et aux générations futures avant de les emporter définitivement avec soi, clé comprise.

7) Développer tout type de mémoire ! – Conclusion

Mémoire visuelle, mémoire auditive, mémoire corporelle, sensorielle, gustative, olfactive… Tellement de types de mémoire peuvent et doivent être entraînées au cours de notre vie !
En variant le travail de mémorisation, je peux très tôt savoir laquelle est mon point fort et y faire appel plus souvent que les autres pour retenir telle ou telle information. Il ne faut cependant en négliger aucune et les travailler toutes continuellement car il se peut qu’un autre type de mémoire prenne le dessus sur une autre au cours du temps.

Le travail de mémorisation se fait tout de même sans y prêter attention et de façon automatique, par exemple lorsqu’elle nous aide à repérer dans le noir la disposition des meubles d’une pièce afin de ne pas nous y cogner en y marchant, ou bien en enregistrant une odeur suspecte et dangereuse qui nous poussera à réagir en la rencontrant à nouveau. Cette mémoire est une mémoire de survie naturelle qui se fait malgré nous et pour notre bonheur. Toutefois, la société humaine nous confronte de plus en plus à des problèmes que cette mémoire seule ne suffit pas à faire éviter : retenir un code bancaire ou un passe-code sur internet, se souvenir d’un chemin précis en pleine ville, de nos dépenses du mois, des préférences culinaires d’une personne à qui on cherche à plaire, de la dernière loi à avoir été votée et appliquée, etc. On doit dorénavant la travailler plus.

Du plus au moins important de nos soucis, une bonne mémoire pourra presque toujours nous aider à sortir d’un mauvais pas, et varier les situations d’apprentissage ‘par cœur’ durant l’enfance aidera l’adulte à mémoriser le plus d’informations possibles avant même de savoir si elles lui seront très utiles ou non.
Comme dans tout apprentissage qui soit, il ne faut pas oublier que l’enfant est un futur adulte, état qui constitue la plus longue période de sa vie. Le former dans ce but lui donnera les bases de sa vie future qu’à son tour il pourra transmettre et participera à la continuité de ce qui est important pour notre propre fonctionnement. Soyons-en les acteurs !